Sur les talons

Aujourd'hui, c'est décidé, nous allons visiter la ville de Terrassa.  Elle n'est qu'à 5 stations de Ferrocarril de chez nous et, en deux ans, on n'y a jamais mis les pieds.  Alors, comme le final count-down a commencé, en avant ! 

On arrive à 11 h, l'heure d'ouverture des boutiques (pas bête, Mamounette !). 

Bon, un petit tour sur la Rambla, puis dans les rues adjacentes et, enfin, dans les rues adjacentes des rues adjacentes.  Y'a que ce moyen-là pour découvrir les jolis petits coins. 

En effet, nous nous extasions, Flore et moi, sur les très jolies façades des bâtiments début 1900, une pharmacie recouverte de mosaïque aux motifs végétaux, un très beau vieux théâtre, etc, etc.  Mince, j'aurais dû emporter mon appareil-photo. 

Puis, nous tombons sur un magasin de chaussures gigantesque (c'est le cinquième dans lequel nous rentrons en moins d'1/2 heure !).  J'ai dans l'idée d'acheter des Camper pour Flore, vu que ses pieds ne grandissent pas aussi vite que ses gambettes, je pourrais en trouver des sympa pour la rentrée des classes.  Mais rien de bien génial !  Si ce ne sont des sandales mais, vu qu'on rentre dans le Nord du Nord, faut pas rêver, en septembre, on portera peut-être déjà des collants !   Ici, il faut encore attendre un peu avant l'arrivée de la collection d'automne-hiver. 

Bref, je passe à moi.  Je scrute les étagères pointure 35-36.  Il faut avouer que le seul désagrément à vivre en Espagne, c'est que les Espagnoles ont les pieds aussi petits que les miens !  Donc, c'est pratiquement impossible de trouver des chaussures convenables dans les soldes. 

Et là, sous mon oeil ébahi, je découvre au moins 5 paires de chaussures Vialis (marque barcelonnaise TRES en vogue) pointure 36, toutes plus belles les unes que les autres !  Incroyable !  Parmi elles, LA paire de mes rêves, bleu très foncé (la vendeuse me dit d'ailleurs que c'est noir...).  J'essaie le pied droit et, tout à coup, j'entends une petite voix me dire

- "Mrs Cendrillon, I presume ?" 

-"Yes, of course, I AM Mrs Cendrillon !" 

Cette chaussure me va à merveille !  Et même la gauche (on ne sait jamais, hein, personne n'a les 2 pieds pareils).  Mais alors, comment se fait-il qu'elles soient TOUJOURS invendues, après 1 MOIS de soldes ?  J'ai compris !  La bride qui entoure la cheville ne se règle pas.  C'est un bouton-pression.  Donc, ça va... ou pas.  Peut-être que mes consoeurs espagnoles au pied petit ont la cheville épaisse ?  Alors, Mesdames, pas la peine de jouer les soeurs de Cendrillon, je ne peux rien pour vous ! 

Bon, je me mire, la cheville jolie, la jambe mise en valeur, quelle belle Mamounette ! 

Et, à cet instant où la grâce tombe sur moi, Flore me dit :

-"Maman, t'es pas belle, avec des talons.  T'es plus belle avec des chaussures plates".

-"Aaaargh !  Qu'ouïs-je ?  Mais, Flore, quand je sors avec Papa, c'est plus joli avec des chaussures à talons." (Je dirais n'importe quoi pour avoir raison). 

-"Mais, Maman, vous ne sortez JAMAIS, Papa et toi !"

-"Re-aaaargh !"  Est-ce bien ma fille qui me parle ?  "Mais si, on sort, Papa et moi, mais, la plupart du temps, on t'emmène avec nous."  (Quelle famille exemplaire).

"Et puis, pour danser, c'est parfait."  Même pas vrai !  Je tiendrais à peine 1/4 d'heure avec un truc pareil dans les pieds, et je finirais pieds nus sur le dance floor, ce ne serait pas la première fois ! 

"Bon, trêve de plaisanterie, ces chaussures ont un talon d'à peine 3 cm, on ne va pas en faire un fromage.  Et puis, c'est qui le Chef, après tout ?"  Je ne lui ai pas demandé son avis, moi, à ma fille ! 

Turlututu !  "Senora, vale perfectamente !  Le cogo !  Me cobre ?"  (Bon, in French, en résumé, tout va bien, je peux vous payer ?). 

Et yop !  Les chaussures dans la boîboîte et, maintenant, il faut trouver à manger car ces émotions, ça nous a donné faim !